Aujourd’hui, Teresina présente
un indice de favélisation trés élévée.
Plus de cinquante pour cent de la population de l'état
du Piaui est analphabète. Ce constat justifie les trois
principales causes de l’explosion démographique (familles
nombreuses allant jusqu’à plus de 20 enfants) : taux
élevé de migration vers la capitale, nombre important
d’adolescentes enceintes, absence d’éducation
élémentaire et d’hygiène, comme l’indique
le sociologue Benedito da Silva, chercheur à l’université
fédérale de Teresina : « Certaines adolescentes
n’ont pas conscience qu’une simple relation sexuelle
génère un enfant, surprises parfois de voir leur
ventre grossir. Il est fréquent de voir des jeunes filles,
âgées de 12 à 15 ans, déjà mère,
ayant avorté une à deux fois. »
Teresina est aujourd’hui la capitale du Brésil dont
l’indice de natalité et de mortalité infantile
sont parmi les plus élevés du pays.
A cette croissance désorganisée
s’ajoute une série d’autres problèmes
: manque d’établissements scolaires, d’hôpitaux,
d’infrastructures sanitaires, générant par
conséquent une compétition accélérée
et désordonnée. La situation sociale de la ville
est aggravée par la présence presque exclusive d’emploi
de biens et services et par l’absence de production industrielle
et agricole, importées la plupart du temps des états
voisins.
Dans ces familles destructurées, l’éducation
est difficile et souvent les enfants sont abandonnés à
leur propre sort. Ils sont, dès leur plus jeune âge,
contraints à prendre des sous-emplois pour apporter des
revenus à leur famille. Nombreux sont ceux qui abandonnent
leur domicile et ne subviennent à leurs besoins qu’à
travers le vol et le trafic de drogue (crack, colle...).
Les familles en proie au chômage et à
la précarité, perdent toute autorité parentale.
Les liens intergénérationnels se dégradent
peu à peu. Les enfants manquent de repères et la
structure familiale traditionnelle se trouve disloquée.
Le quartier Grande Dirceu de Teresina est peuplé
de plus de 80 000 personnes, l’équivalent de la seconde
plus grande ville de l’état de Piaui. Il concentre
à lui seul la problématique sociale de Teresina,
avec un important indice de violence juvénile, d’analphabétisme,
de chômage et de prostitution infantile, des enfants livrés
à leur propre sort, consommant ou trafiquant de la drogue,
entrant en conflit dans des gangs quotidiennement. Ce scénario
dramatique est en passe de se généraliser dans les
autres quartiers de Teresina : Promorar, Vila Antartica, Vila
Irma Dulce, Vila Santa Luzia, Vila Paraiso...
Ces constats alarmants ont amené la population
locale (familles, représentants de quartiers, membres de
l’Eglise Catholique, acteurs sociaux) à réfléchir
aux moyens de lutter contre ces fléaux et à monter
différents projets de lutte contre l’exclusion et
de protection de l’enfance dont le projet Caminho
das Crianças Brasileiras.
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