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Marcello Luniere

"La voix des exclus"

Exposition sur les Indiens et les descendants d'esclaves noirs du Brésil


exposition

 

Depuis 1987, le photographe brésilien Marcello Luniere se rend régulièrement sur le territoire amazonien dans les communautés indigènes Yanomamis, Waymiri Atroari et Kayapos qui peuplent cet espace du Nord au Sud. Découvrant des cultures d'une extrême richesse, aux langues, religions, et organisations sociales différentes, il constate également la réalité difficile à laquelle elles sont confrontées. L'histoire de ces nations indigènes se ressemble en effet par leurs incessantes luttes contre l'invasion blanche et leur nécessité de préserver leur patrimoine et leur dignité humaine. La démarche du photographe ne procède pas du regard anthropologique. Elle tient du travail de reconnaissance, de dénonciation aussi, afin de réparer 1'oubli qui frappe ces communautés décimées.

Les Yanomamis sont regroupés dans la partie nord de la forêt amazonienne à la frontière du Vénézuéla. Ce sont eux qui ont, le plus récemment, été menacés par les blancs non indiens, notamment par une invasion de plus de 40 000 chercheurs d'or entre 1987 et 1990, causant la mort de plus de 1000 Yanomamis seulement sur le territoire brésilien. Dans les années cinquante déjà, le peuple des Yanomamis était en voie d'extinction suite à deux grandes épidémies de grippe et rougeole introduites à l'occasion de l'invasion de leur terre.

Le gouvernement militaire de cette époque n'épargna pas non plus les Waymiri Atroari qui vécurent le même processus d'invasion. Situés dans la parie centrale de l'Amazonie, ils furent presque tous exterminés à la suite de la construction d'une route qui divisait leur territoire en deux. Parmi ces trois nations indigènes, les Waymiri-Atroari ont été les plus tardivement découverts par les blancs. D'une population estimée à 6000 indiens, seuls 286 survécurent à la construction de cette route. La puissance des armes de l'Armée Militaire et la tactique de guerre héritée des américains était équivalente à celle utilisée par les Etats-Unis durant la guerre du Vietnam.

Enfin, les Kayapos situés dans la partie sud de l'Amazonie n'ont eu des contacts avec les blancs qu'à l'époque du Brésil colonial. Plus les colons prenaient du terrain, plus les Indiens se retranchaient vers l'intérieur de l'Amazonie, cherchant un refuge. Ce refuge, le Parc National de Xingu, fut élaboré dans la deuxième moitié du 20e siècle par les anthropologues Villas-Boas afin de protéger les indiens des conflits de colonisation.
De toutes les ethnies du Brésil, les Kayapos sont peut-être les plus guerriers. Aujourd'hui, ils posent les armes et continuent la lutte avec les mots.

Tous les procédés d'occupation des terres au Brésil ou d'invasion de la société brésilienne sur des peuples isolés n'ont pas que des conséquences négatives. Le dernier quilombo découvert au Brésil en 1981, appellation désignant des villages formés par les descendants d'esclaves noirs en fuite à l'époque du Brésil impérial, fut identifié par des industriels souhaitant installer une usine hydroélectrique. Les Kalungas qui peuplent ce quilombo dans la partie centre-ouest du Brésil, est 1'ultime et la plus importante communauté d'esclaves noirs fugitifs découverts au Brésil par l'anthropologue Mari Nazaré Baiocchi. Plus d'un siècle après l'abolition de l'esclavagisme, les Kalungas ont préservé des caractéristiques de l'esclavagisme comme la pratique de la religion catholique, les techniques de plantation et d'utilisation du manioc, techniques issues des indigènes et qui constitue aujourd'hui leur principale source de revenu. Le paysage sec et la végétation du serrado brésilien nous offrent un scénario identique à la savane africaine. En atteste les récentes recherches de l'avocat Martiniano Jose da Silva sur l'origine des noirs de l'état de Goias montrant que ce peuple serait originaire d' Angola, du Mozambique et d'Afrique du Sud. Le plus important d'entre eux, le quilombo dos Palmares est représenté par le Roi Zumbi, principal leader des quilombos à l'époque de l'esclavagisme. Aujourd'hui, la date de la mort de Zumbi (20 novembre 1695) est un jour de commémoration au Brésil baptisé "Journée Nationale de la Conscience Noire ".

Près de 200 peuples d'Indiens et 6000 communautés de quilombos vivent au Brésil, ce qui constitue un des plus important patrimoine culturel du monde, attirant plusieurs centaines de chercheurs, principalement des anthropologues ou des linguistes. Ces populations vivent cependant sous menace constante des conflits fonciers et de l'avancée des non-indiens sur leurs terres fournies en richesses naturelles. La Constitution Fédérale brésilienne stipule, comme droit inaliénable aux peuples indiens, la possession des terres qu'ils occupent mais, en raison de l'immensité du territoire brésilien et du manque de ressources, l'agence gouvernementale chargée de défendre et garantir les intérêts et les droits des Indiens, la FUNAI (Fondation Nationale de l'Indien), éprouve des difficultés pour faire appliquer la législation, garantir une attention adéquate en santé et en éducation et implanter les projets d'activités productives. Ce travail que le propre gouvernement reconnaît ne pas effectuer est en cours de réalisation par des Organisations Non Gouvernementales sans fins lucratives. Aujourd'hui, moins d'un an après la commémoration des 500 ans de la découverte du Brésil, le Congrès National brésilien (le Sénat brésilien) représenté dans sa majorité par des politiques qui défendent les intérêts d'une minorité a instauré une commission parlementaire d'enquête. Cette cellule a pour principal objectif de mettre en péril le travail de ces ONG, les richesses de ces ethnies culturelles. Cela constitue une nouvelle menace à la dignité et au respect des communautés indigènes et noires du Brésil.

Marcello Luniere et Anne Lise Schmitt (mai 2001)

Cette exposition est proposée sous la forme de :
neuf photos de 1m50 * lm
douze photos de 1m * 0,8m
douze photos de 0,75 * 0,50m


Si le lieu d'exposition le permet des objets artisanaux traditionnels peuvent aussi être présentés (arcs, flèches, sarbacane, paniers à teintures…).